Crewdle, la plateforme de communication écolo qui veut prendre le monde techno d’assaut

Crewdle, la plateforme de communication écolo qui veut prendre le monde techno d’assaut

Cofondateur et PDG de Crewdle, Vincent Lamanna possède une solide expérience en technologie accumulée au fil de sa carrière après des études en ingénierie à McGill. En mars 2020, il lance, avec Pierre Campeau, une plateforme de vidéoconférence sécurisée, simple et écologique, reposant sur les technologies de pair-à-pair. En fait, explique-t-il au Lien MULTIMÉDIA, en marge de Vision PDG, au moment du début de la pandémie, il se préparait à lancer une start-up en fintech, mais le secteur des investissements s’avérant frileux face à l’incertitude, il s’est demandé quels secteurs émergeaient de la crise. Celui de la communication et de la collaboration.

« En lisant des articles, je me suis rendu compte que les plateformes de communication prenaient un essor, mais qu’elles avaient un fort impact environnemental, explique-t-il. Et c’est là que la technologie point à point vient régler ce problème. C’est un peu ce que Napster avait fait avec le partage de fichiers au début des années 2000 ou ce que vient apporter la cryptomonnaie. »

Lancé officiellement en avril 2021, Crewdle n’utilise pas de serveurs, ceux-ci ayant un énorme impact sur l’environnement à cause de la consommation d’énergie. Or, on sait que beaucoup de centres de données se retrouvent à l’extérieur du Québec, parfois dans des endroits où l’eau ne s’avère pas propre, ce qui résulte en des émissions de carbone. Aussi, les centres de données utilisent excessivement d’eau pour refroidir les équipements.

Une première version de Crewdle a été lancée en octobre 2020 et, jusqu’à septembre 2021, l’essentiel de la clientèle se trouvait au Québec. En octobre 2021, la jeune pousse montréalaise clôture une ronde de financement de plus de deux millions $, grâce au soutien significatif de membres investisseurs d’Anges Québec, de deux anges investisseurs indépendants et des cofondateurs. L’entreprise lance un programme de partenariat par lequel les gens pouvaient recommander des utilisateurs en échange d’une rémunération selon le nombre d’utilisateurs référés.

« Nous avions 60 000 partenaires répartis dans le monde et en très peu de temps, nous avons eu 600 000 utilisateurs partout sur tous les continents, explique le PDG de la star-up. Cela a été tout un choc culturel! Nous étions habitués au modèle nord-américain, nous parlions à nos utilisateurs en regardant les fonctionnalités qu’ils utilisaient et les utilisations qu’ils faisaient de la plateforme. L’Asie et l’Afrique sont des continents entiers qui comptent énormément de particularités. Même la Chine est tellement vaste que les cultures sont différentes d’une région à l’autre. Nous avons dû nous adapter et nous avons décidé de mettre certains marchés sur pause, ne possédant pas les effectifs pour bien les comprendre. »

Aujourd’hui, l’entreprise se concentre sur le marché nord-américain, particulièrement dans les côtes de l’ouest et l’est, plus portées sur l’écologie que le centre des États-Unis. Elle se développe également en Europe, particulièrement en France, au Royaume-Uni, en Belgique et en Allemagne, où une version allemande vient d’être lancée. Et comme Crewdle a un collaborateur à Sydney, elle s’intéresse aussi aux marchés australien et néo-zélandais, ce dernier s’avérant plus porté sur les enjeux climatiques. Et si la protection de l’environnement demeure un argument majeur pour l’entreprise et ses fondateurs, elle met aussi de l’avant la confidentialité, puisque les conversations ne passent pas par un serveur. La confidentialité se trouve accrue. « Évidemment, un poste peut être piraté, mais comme il n’y a pas de serveur, les risques sont moindres », note Vincent Lamanna.

Et qui dit pas de serveur dit coûts moindres, ce qui permet à Crewdle de mettre de l’avant un modèle de tarifs innovant. La simplicité est aussi un avantage, puisqu’il ne fait pas télécharger d’applications, une simplicité fort appréciée des utilisateurs : ceux qui n’ont pas de compte n’ont qu’à cliquer sur un lien. Et, dernier avantage, comme il n’y a pas de serveur, les communications ne subissent pas de délais, les conversations semblent beaucoup plus fluides, avec une meilleure qualité de son et d’image.

Crewdle a décidé d’ouvrir gratuitement et sans limite de temps sa plateforme pour les utilisateurs qui veulent discuter avec amis et familles, ce qui permet aux gens vivant dans des pays sous-développés d’avoir des conversations. L’autre portion – payante – des utilisateurs se compose surtout de professionnels, bureaux d’avocats, de comptable, de psychologues, secteur pour lesquelles la confiance et la confidentialité demeurent fort importantes.

Si Crewdle est né pendant la pandémie, Vincent Lamanna croit qu’elle reste pertinente malgré un certain retour au bureau. « Un de mes mentors m’a dit que si la crise sanitaire ne durait pas, il n’y aurait pas de gros changements dans les habitudes des gens, mais que si elle perdurait, les gens allaient changer et s’adapter, dit-il. Et c’est ce qu’on a vu. Les politiques de travail à la maison vont continuer et des entreprises comptent aujourd’hui des employés dans différentes villes. D’ailleurs, nous permettons à nos employés de travailler d’où ils veulent dans le monde, tant qu’ils participent à la réunion du matin et qu’ils ont un accès à Internet. La jeune génération cherche cette flexibilité, surtout en ces temps de pénurie de main-d’oeuvre. »

Aujourd’hui, la jeune pousse compte 11 employés et vise une croissance tranquille. La technologie qu’elle a créée n’existe nulle part ailleurs. Crewdle se trouve en instance de brevets aux États-Unis et dans 157 autres pays. Cependant, Vincent Lamanna voit grand. Il veut créer un géant de la technologie au Québec, comme on en voit ailleurs dans le monde et particulièrement aux États-Unis. L’entreprise ne se limitera pas à un seul produit et va développer de la propriété intellectuelle qui restera au Québec. « Il est tout à fait possible pour une petite boîte comme la nôtre de se faire une place parmi les géants. C’est ce que nous visons : créer une entreprise qui va faire compétition aux grandes entreprises. » Rien de moins!

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