L’Association québécoise des technologies (AQT) a pris l’occasion de la Semaine de la Francophonie pour discuter, dans son podcast du mois de mars, avec Mohamed Guetat, PDG de Momentum Technologies et sa collègue Léa Bélime, conseillère en recrutement, de la stratégie adoptée par cette PME de Québec en matière de recrutement international. Tous deux révèlent quelques facteurs de succès.

« Momentum est un fleuron québécois, raconte Mohamed Guetat. Fondée il y a 20 ans, la firme de consultation en TI spécialisée dans les TI accompagne ses clients dans la gestion et la valorisation de leurs données. »

Le PDG de Momentum Technologies, lui-même issu de l’immigration, est arrivé il y a 20 ans dans l’entreprise à titre d’analyste programmeur et, 15 ans plus tard, il en dirige les destinées.

« Je suis arrivé au Québec à cause et grâce au français, indique-t-il. Momentum a toujours été ouvert aux marchés internationaux et a toujours privilégié le filon international. » Même si, au fil des années, l’entreprise a travaillé à une réelle intégration de l’immigration en général, celle provenant de la francophonie prédomine.

Le PDG explique trouver plus facile d’intégrer des employés issus de l’immigration francophone en raison de la culture et de la langue commune, des facteurs très importants dans la réussite de l’intégration. Momentum a entrepris, il y a un an, une réflexion stratégique sur son développement d’affaires. Celle-ci fait suite à une réflexion précédente, entamée en 2017 alors que Momentum avait embauché une firme d’économistes québécoise pour explorer le territoire africain et plus particulièrement celui de l’Afrique francophone pour voir les avantages et de développement technologique de ceux-ci. Il en est ressorti que cinq pays s’avéraient avantageux : le Maroc, la Tunisie, le Sénégal, la Côte-d’Ivoire et le Rwanda. La décision d’ouvrir un bureau à Tunis fut donc prise.

Québec International a été un partenaire de choix dans le recrutement en Tunisie, note le PDG.

« Nous avons repris le même filon pour notre stratégie des affaires, explique Mohamed Guetat. Le succès de Momentum réside dans deux éléments, les talents et les affaires. Associer ces deux composantes et les enrichir a fait la croissance de Momentum. »

L’idée était d’ouvrir des places d’affaires en Tunisie, en Europe et en Amérique du Nord, pour le recrutement de la main-d’œuvre, mais aussi pour l’acquisition de clients dans la francophonie. Il faut souligner que 60 % des effectifs de l’entreprise sont issus de l’immigration et la moitié vient des régions d’Afrique francophone. Mohamed Guetat souligne le rôle non négligeable d’organismes comme Québec International sur le recrutement. « Cela aide beaucoup à faire rayonner le Québec, souligne-t-il. Les missions permettent d’explorer de nouveaux territoires. »

Ce sont les gens qui font rayonner Momentum à l’international, ajoute Léa Bélime. « Nous le voyons dans le recrutement ici et à l’étranger, note-t-elle. Le bouche-à-oreille demeure important, on le sous-estime à l’échelon international. Nous faisons affaire avec Québec International depuis longtemps, car ils ont des réseaux d’affaires à travers la francophonie. Après les deux dernières missions, qui ont été virtuelles à cause de la pandémie, nous avons reçu beaucoup de candidatures, et pas juste de la francophonie. Il reste que le plus gros bassin est francophone, le Québec les attire pour la langue. »

La clé du succès de l’intégration de la main-d’œuvre immigrante chez Momentum repose, entre autres, sur le fait qu’une personne s’occupe, à l’interne, d’accompagner les candidats et les futurs employés.

« Dans notre vision de recrutement, on pense que la réussite ne se trouve pas dans l’intégration dans l’entreprise, mais plutôt dans l’intégration à la société québécoise et, à travers cela, dans l’entreprise, explique le PDG. Pour nous, quelqu’un qui vient s’intégrer au Québec le fait pour participer à la société québécoise. »

L’immigration reste avant tout un projet familial, un projet de vie. Il ne faut donc pas juste s’intéresser à l’employé, il faut lui créer un environnement favorable pour qu’il puisse réussir. « Nous essayons de coacher nos collègues en ressources humaines à Tunis, précise Léa Bélime. Nous avons aussi mis en place un programme de mobilité entre les deux bureaux. »

En 2022, Momentum a obtenu une 9e qualification du Club Platine des sociétés les mieux gérées au Canada de Deloitte et CIBC, ce qui suscite beaucoup d’intérêt de la part des employés potentiels et des clients. Au moment du podcast de l’AQT, Mohamed Guetat revenait d’un voyage à Paris où il est allé tâter le terrain pour voir si l’expansion de l’entreprise passera par une acquisition ou par l’ouverture d’un bureau. Histoire à suivre.