Bien intégrer l'équité, la diversité et l’inclusion n’est pas sorcier, foi de Béatrice Robichaud

Bien intégrer l’équité, la diversité et l’inclusion n’est pas sorcier, foi de Béatrice Robichaud

Cofondatrice de Pantera Dental avec son frère Gabriel, Béatrice Robichaud y occupe aussi le poste de vice-présidente marketing et expérience client. Lors de Vision PDG, la conférence annuelle des PDG du Québec organisée par l’Association québécoise des technologies, elle est venue parler de l’importance d’équité, de diversité et d’inclusion dans un domaine de haute technologie comme son entreprise. Panthera Dental se spécialise dans les restaurations dentaires, les chirurgies cranio-maxillo-faciales et le traitement des troubles respiratoires du sommeil en utilisant des technologies de pointe. La compagnie compte 30 à 40 % d’employés issus de l’immigration.

Mais ce n’est pas tout, Béatrice Robichaud a fait son coming out il y a presque sept ans et s’est assumée en temps que femme. Comme c’est elle qui s’occupe du marketing et de l’expérience et qu’elle donne des conférences à travers l’Amérique du Nord, elle se trouve davantage dans l’oeil public que son frère.

« Faire son coming out demeure extrêmement stressant, confie-t-elle. Quand on sort du placard, on a trois paniers : les amis, les collègues et la famille. Dans mon cas, tout se trouvait dans le même panier puisque Panthera Dental est une boîte familiale. Un changement de sexe peut devenir un freak show. Est-ce que nous allions perdre des clients ? J’ai été très chanceuse, mes trois cercles ont très bien accueilli mon changement, mais dans les congrès ? »… En fait, ce sont les femmes qui l’ont le mieux accueilli.

En moyenne, on peut dire que la communauté LGBT compte pour 10 % de la population générale, rappelle la cofondatrice de Panthera Dental, ce qui veut dire que ce groupe représente une importante part dans le monde du travail. Lorsqu’elle est sortie du placard, trois autres employés de son entreprise l’ont fait dans les mois suivants. Le pourcentage d’immigrants dans l’entreprise reste faible pour une entreprise de la ville de Québec, note-t-elle, reconnaissant l’avoir eu facile dans sa jeunesse à Charlesbourg, dans une famille unie.

« Si vous rassemblez dix blancs-becs de Charlesbourg élevés dans du coton, vous allez avoir les mêmes solutions, explique-t-elle. Mais si vous intégrez des personnes différentes, elles vont apporter d’autres solutions. Il faut aussi voir si ces personnes sont dans des postes d’exécution ou de direction. »

Récemment, l’entreprise a mené une sérieuse réflexion sur l’intégration des groupes sous-représentés dans ses murs. Ce nouveau comité de recherche et développement se réunit toutes les deux semaines pour discuter et échanger sur de nouvelles façons de faire. La dentisterie se pratique différemment à travers le monde : à Hollywood, les gens veulent avoir des dents parfaites et étincelantes ; en Europe, l’usure n’est pas proscrite. Pendant la pandémie, la dentisterie a été frappée de plein fouet, toutes les activités s’arrêtant pendant trois mois. Or, Panthera Dental venait tout juste de déménager dans des locaux flambants neufs. Un médecin a dit aux dirigeants de l’entreprise qu’il manquait de visières dans les hôpitaux. « Comme nous faisions déjà de l’impression 3D, nous avons commencé à faire des visières, raconte-t-elle. Nous devions mettre en place de nouveaux processus et les idées sont venues de gens issus de l’immigration », d’où la création du comité R&D. C’est d’ailleurs en écoutant un employé d’origine allemande que l’entreprise a pu s’implanter dans ce marché connu pour être relativement « fermé ».

Cependant, il ne faut pas forcer la diversité, met en garde Béatrice Robichaud. Son entreprise n’a pas fait exprès et la jeune femme n’aime pas les quotas.

« Je veux le meilleur C.V., peu importe le nom, la religion ou ce que la personne fait sans ses bobettes le soir, lance-t-elle. Nous avons travaillé notre image de marque, nous avons créé une entreprise où il fait bon vivre, accueillante. »

Il faut croire que cela fonctionne puisque le taux de roulement d’effectifs est de moins de 10 % à l’année. Les employés restent dans l’entreprise, certains pendant de nombreuses années. Il n’existe pas de recette magique, souligne-t-elle enfin. L’objectif n’est pas de cocher des cases.

« Comment être un meilleur allié ? Intéressez-vous à la personne. Lorsque vous êtes face à une personne noire, ne lui demandez pas de quel pays elle vient, demandez-lui plutôt quel est son film préféré », conclut Béatrice Robichaud.