Bien comprendre les plateformes sociales dans un contexte de croissance

Bien comprendre les plateformes sociales dans un contexte de croissance

Les réseaux sociaux peuvent représenter un puissant vecteur pour les entreprises. Encore faut-il qu’elles sachent bien s’en servir. Jean-Sébastien Giroux, vice-président exécutif de Substance, agence de marketing numérique qui fête cette année ses 10 ans, a expliqué comment bâtir une stratégie dans un contexte de croissance lors d’une présentation au Big Bang, événement organisé par l’Association québécoise des technologies (AQT).

L’expert a d’abord mis la table : 94 % des internautes canadiens utilisent les réseaux sociaux, un pourcentage qui a plafonné. L’utilisateur moyen passe 2 h 22 par jour sur ces sites. « Jamais un média n’a enregistré un temps d’utilisation aussi haut, note Jean-Sébastien Giroux. Cela représente des opportunités sans précédent. Consulter un réseau social est la première et la dernière chose que les Canadiens font dans une journée. Ils vont débloquer leur téléphone 150 fois par jour. » Et 89 % des spécialistes B2B (interentreprises) utilisent les réseaux sociaux comme principale méthode de distribution de contenu. Ces plateformes deviennent donc un excellent moyen d’établir sa marque et sa notoriété.

Le vice-président exécutif de Substance propose une stratégie en contexte de croissance en cinq étapes. En premier lieu, il faut bien identifier ses objectifs. Toutefois, investir les réseaux sociaux coûte cher en masse salariale. Le salaire moyen d’un spécialiste tourne autour de 70 000 $ par année, et faire affaire avec une agence, de 300 000 à 400 000 $. « Et là, le vice-président aux finances va venir vous voir pour vous demander pourquoi cela coûte si cher, note Jean-Sébastien Giroux. Votre réponse doit être forte et étayée. Votre premier objectif est la notoriété. »

Il faut ensuite définir les cibles. Il est capital de bien les comprendre et de savoir ce qu’on veut leur apporter. Positionnez-vous dans les souliers de vos cibles et voyez comment vous pouvez améliorer leur vie, conseille le spécialiste. Qui sont-ils ? Quels sont leurs freins, leurs perceptions et comment pouvez-vous leur apporter de la valeur ? Message aux organisations qui publient deux fois par jour : les gens n’ont pas le temps de consulter toutes les notifications.

Une organisation qui veut investir dans les plateformes sociales doit également bien définir son intention concurrentielle. Veut-on amener les clients potentiels dans l’entonnoir de conversion ? Il faut également bien choisir la plateforme qui sied le mieux aux besoins et comprendre comment elle fonctionne.

« Facebook va moins bien ces temps-ci et ses utilisateurs ont beaucoup évolué, explique Jean-Sébastien Giroux. On assiste à une tendance lourde voulant que les annonceurs retirent leur financement alors que les gens y passaient beaucoup plus de temps pendant la pandémie. On n’en est plus là aujourd’hui depuis qu’on peut se revoir. Les générations plus jeunes font une utilisation différente : elles vont de moins en moins sur les feed et de plus en plus dans des groupes. »

« Est-ce que vous avez les ressources pour y arriver ?, demande-t-il. Est-ce que TikTok est une bonne plateforme ? Pour certains oui, pour d’autres non, les gens de plus de 35 ans en font une utilisation marginale. Il faut aussi garder en tête les capacités de l’organisation. » Le spécialiste croit que TikTok va croître, et ce, pour deux raisons : d’abord à cause de l’utilisation des données, ensuite parce que l’entreprise chinoise investit énormément d’argent dans la recherche, et le développement se passe très vite.

Les plateformes de prédilection en B2B demeurent LinkedIn, la principale plateforme des décideurs. Quant à Facebook, 74 % des internautes l’utilisent pour des fins professionnelles. Le site propose un énorme bassin d’utilisateurs et demeure robuste. Instagram fait davantage figure de vitrine, même si le taux d’engagement reste plus fort que sur Facebook. Enfin, YouTube doit être pris en compte, car 70 % des spécialistes s’entendent pour dire que la vidéo permet de vendre. Toutefois, les plateformes ne sont pas l’apanage du marketing : il faut continuer à investir dans la publicité média.

En fait, il faut surtout bien utiliser les plateformes sociales. Jean-Sébastien Giroux prend l’exemple de LinkedIn. Il ne suffit pas d’avoir un profil, encore faut-il bien se servir de toutes les fonctionnalités, comme le carrousel de photos, les vidéos, qui fonctionnent très bien. Il y a aussi de la place pour la personnalisation et faire preuve d’audace, par exemple en partageant des articles. Il ne faut pas être prévisible, car la prévisibilité reste d’un ennui total. Il demeure plus intéressant d’en faire moins, mais de mieux le faire.

Jean-Sébastien Giroux conseille aussi de publier des contenus « snackables », à grignoter. Le taux d’attention moyen d’un Canadien était de 14 secondes en 1999 et il est descendu à 8 secondes il y a deux ans, soit une seconde de moins que celui d’un poisson rouge. Il insiste aussi sur le choix des formats des contenus photos et vidéos, encourageant fortement les organismes à adopter le format vertical plutôt qu’horizontal.

En marge de sa présentation – dans l’ascenseur pour être plus précis – Jean-Sébastien Giroux s’est fait demander pourquoi il n’avait pas parlé de Twitter. La raison est toute simple et n’a rien à voir avec le nouveau patron de la plateforme : les spécialistes du marketing ne s’y trouvent tout simplement pas.


Article rédigé par Sophie Bernard (Lien Multimédia)